Hello 👋
Bienvenue dans cette édition # 51 de l’Etincelle ! Que tu sois là depuis le début, ou que tu viennes de me découvrir, merci de me lire ❤️
Aucun parent n’y échappe
Il y a un T’choupi dans notre bibliothèque.
Je serre les dents à chaque fois que ma fille me le tend pour le lire, et je guette chaque opportunité pour le faire disparaître.
Mais je ne le fais pas parce que c’est le premier cadeau d’anniversaire qu’elle a reçu de sa copine Margaux.
Maudit soit Thierry Courtin, l’illustrateur qui a mis au monde cette bestiole en 1992. Depuis lors, 107 albums ont paru, vendus à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires. Autant dire que tout le monde en a un dans sa bibliothèque. Et comme si ça ne suffisait pas, il y a aussi un dessin animé, un film, des spectacles et de nombreux produits dérivés…
Tchoupi, ce sont les aventures d’un enfant à moitié garçon, à moitié pingouin qui vit des aventures mignonettes à longueur de journée. Et quand je parle d’aventure, je veux parler de choses pas forcément faciles à vivre pour un enfant : « Tchoupi fête son anniversaire », « Tchoupi part en vacances au bord de la mer », etc.
Ok, ce n’est pas un crime.
Mais alors, c’est quoi le problème, Maud ?
J’y viens !
Une littérature jeunesse qui n’est pas de la littérature
Beaucoup de choses sont “jolies” dans les aventures de T’choupi. Pas “charmantes”, pas “ravissantes” ni “magnifiques”, mais bien “jolies”.
On comprend vite, à la lecture de la prose parue chez Nathan, que l’ambition n’est pas d’initier les enfants à la richesse du vocabulaire français.
Extrait de T’choupi fête son anniversaire :
« A trois heures, Pilou et Lalou arrivent.
-Coucou, dit T’choupi. Oh mes cadeaux ! Je peux les ouvrir ? Allez d’abord jouer un peu, dit maman”.
Mais en fait, T’choupi c’est du langage oral qui est écrit :
un langage pauvre
pas de relative
la forme passive ? connais pas !
les phrases complexes ? inexistantes !
un temps unique : le présent de l’indicatif
Déguisé en littérature jeunesse, T’Choupi, c'est en fait une forme très appauvrie de langage oral retranscrit qui ne mène pas l’enfant vers le monde de l’écrit.
Malheureusement, la simplification ne s’arrête pas là.
Une perte d’épaisseur du monde
Au-delà de l’indigence du vocabulaire, T’Choupi propose aussi une vision du monde et des relations ultra simplifiée.
Invariablement, un problème = une solution, enfin, quand il y a un problème !
C’est blanc ou noir, pas de place pour la complexité ou l’ambivalence des sentiments.
Tchoupi préfigure en cela les séries télévisées et nourrit l’attrait pour la facilité, la paresse intellectuelle, notamment en reprenant des thématiques différentes avec un univers quasiment identique.
Conclusion : ça n’apporte rien du côté de la langue, rien du côté de la réflexion et de la compréhension du monde.
Ce ne serait pas grave si la lecture n’était pas si importante pour la construction intellectuelle, langagière et émotionnelle de l’enfant.
Des enjeux titanesques
On remarque très vite en maternelle les enfants auxquels on lit des livres de qualité quotidiennement et ceux auxquels on ne lit pas ou seulement des T’choupi et autres.
Certains enfants entrent en Petite Section de maternelle avec 400 mots de vocabulaire. Les enfants les mieux dotés en vocabulaire ont déjà un solide bagage de 1200 mots en entrant en maternelle.
Deux conséquences observées :
la taille du vocabulaire acquis est un impitoyable prédicteur de la réussite scolaire
l’écart de vocabulaire persiste au fil des années et s’amplifie
Et vous savez quoi ? Cet écart se creuse encore bien davantage pendant les grandes vacances d’été ! Ce n’est moi qui le dit mais les études réalisées sur le sujet.
Pourquoi ? Parce que les acquis et les apprentissages réalisés au sein de la famille ont un poids considérable sur la réussite scolaire d’un enfant.
Vous l’aurez compris, rien ni personne ne vous remplacera.
Vous l’aurez compris, tous les livres ne se valent pas. Il en va de même dans la littérature jeunesse que dans la littérature pour les grandes personnes.
La littérature pour enfant est pléthorique et c’est par conséquent très compliqué de s’y retrouver et de choisir des albums de qualité pour ses enfants (ou petits-enfants).
Quand on parcourt les rayons des librairies et qu’on n’a pas en tête les éléments qui font d’un album jeunesse un livre de qualité, on ressort souvent avec un T’choupi, un Petit ours brun ou le dernier album commercial à la mode.
“Pour que les enfants lisent, à nous d’écrire des livres irrésistibles”
Timothée de Fombelle
A nous de leur en offrir
Comment je choisis les livres de littérature jeunesse présents dans les coffrets Les Petits Eclairés ?


Je me place un point de vue de l’enfant :
- Qu’est-ce que ça m’apprend sur le monde ?
- Qu’est-ce que ça m’apprend sur le langage ?
- Est-ce que ça me fait réfléchir ? Rêver ?
- Est-ce que ça me permet d’introduire une nuance là où il n’y en avait pas avant ?
- Quelles relations entretiennent texte et image ?
Pour vous aider à choisir des livres de qualité pour vos enfants, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur ma sélection d’albums classés par thème.
N’hésitez pas à me suggérer le thème de ma prochaine sélection d’albums jeunesse. Pour voter, c’est par ici 👇🏻
With love,
Maud
Femme et maman.
Professeure des écoles “libre”, passeuse de savoir passionnée par les pédagogies actives et les livres jeunesse.
Créatrice des Petits Eclairés.
Convaincue que si on veut améliorer ce monde, il faut s’y prendre tôt et que tout passe par l’éducation.
PS : si vous avez des remarques, si ça vous parle, on en parle !
Répondez simplement à ce mail.
#bisous
Maud 🦊